Charlotte Muckensturm, en guerre contre le plastique au Cambodge : « Il existe un continent de plastique dans nos océans qui fait 6 fois la France. »

Durant huit ans, avant de s’installer au Cambodge, Charlotte Muckensturm a été chef de projet dans une agence de marketing à Paris. Poste à responsabilités, salaire confortable, collègues avec qui aller prendre l’apéro, son quotidien ressemble alors à ce qu’on associe communément à un idéal professionnel. Mais Charlotte qui profite de sa situation pour voyager et découvrir le monde, va progressivement ressentir un besoin supérieur aux autres : celui de se rendre utile.

Pour franchir le pas, elle choisit Phnom Penh, la capitale du Cambodge. Ce pays du sud-est asiatique est en pleine croissance mais encore sous-développé et dépendant de l’aide internationale, déchiré il y a quarante ans par la guerre civile et un génocide. Dans ce royaume où 50% de la population a moins de 21 ans, Charlotte qui a grandi en Alsace et a hérité de la conscience écologique de sa mère, décide après quelques mois d’adaptation d’éduquer aux dangers de la pollution et du plastique : un ennemi quasi-immortel.

Le problème du plastique, c’est que c’est un matériau qui ne meurt jamais, qui dure éternellement. Même s’il met 500 ans à se décomposer, à la fin il y aura toujours des résidus de plastique.

En juillet 2015 , Charlotte rencontre et rejoint Sarah, une Australienne qui a fondé Plastic Free Cambodia, une entreprise sociale qui a pour objectif de sensibiliser la population aux méfaits du plastique en intervenant dans des écoles, des entreprises, des restaurants. Car si dans la chanson « le plastique c’est fantastique », cette matière qui a en effet de nombreux aspects pratiques est aussi un véritable fléau pour l’environnement. Au Cambodge, où la cuisine de rue est très répandue et le plastique surconsommé avec son lot d’emballages qui finit dans la nature, la mission de Charlotte commence par le partage de connaissances élémentaires.

Plein de gens sont persuadés que le plastique vient de l’hévéa, l’arbre à caoutchouc, et que d’une certaine manière ça retournera aux arbres, que c’est naturel. On leur explique alors que ça vient du pétrole et tout le monde hallucine. On les implique dans des jeux de rôle pour qu’ils proposent des solutions et on parle des dangers très concrets, comme le fait de manger dans du polystyrène, matière hautement cancérigène, et des alternatives au plastique : les emballages en carton, les pailles réutilisables en bambou ou en sucre de canne, les gourdes.

Loin de désespérer Charlotte, cette ignorance démontre que tout reste à faire et que son rôle est d’autant plus important auprès des enfants comme des adultes dans ce pays qu’elle affectionne et où la bonne volonté est présente à chaque atelier éducatif. Une prise de conscience essentielle au Cambodge, un état très pauvre qui contrairement à la France par exemple, où l’on recycle certains types de plastique, ne possède pas d’usines de recyclage.

Tous les spécialistes s’accordent sur le sujet : le recyclage n’est pas la solution. On a décidé de prendre le problème à la source, de faire en sorte que les gens changent leurs habitudes. Le vrai souci, c’est la surconsommation de plastique, ne pas dire non aux suremballages. Au marché, avec un sac en plastique par produit, on se retrouve entre 42 et 52 sacs en plastique par semaine, par Cambodgien, ce qui fait plus de 2000 sacs par personne par an. Ce n’est pas non plus la technologie qui nous changera la vie, mais bien nous-mêmes.

Merci à Charlotte Muckensturm, notre troisième étoile, ainsi qu’à Pablo Chavanel.